Mes notes et commentaires, suite à une réunion d’information
présentant au public le projet de logement locatif social
situé au 200 rue de Versailles
« Ne rien faire contre sa conscience, même si l’État le demande » (Einstein)
J’apprécie la décision de la commune concernant la construction de logements sociaux puisque le besoin existe. Ville d’Avray a pris au fil des ans un retard important sur ce sujet et l’Etat pénalise ce retard. Il ne faut surtout pas l’accroître par des constructions de logements libres. Il ne faudrait pas non plus que les habitants pâtissent de mesures autoritaires de préemption de l’Etat entrainées par le retard pris sur la mise en œuvre de la loi SRU.
Par ailleurs, pour chaque nouveau projet d’ampleur, il est indispensable de prendre en compte les souhaits des habitants du quartier :
-respecter l’environnement et imaginer une architecture cohérente avec le bâti existant ;
-construire de petites unités pour ne pas répéter les erreurs du passé qui conduisent des communes à démolir de trop grands ensembles tant ils sont invivables ;
-les disséminer dans les différents quartiers de la ville pour retrouver le mélange naturel des populations en matière de générations, de ressources et d’origines;
-respecter les standards de confort et d’économie d’énergie les plus récents ;
-attribuer les logements à des personnes qui y sont éligibles, travaillant à Ville d’Avray mais éloignées de leur domicile ou y habitant déjà mais souhaitant, soit diminuer la charge de leur loyer, soit améliorer leurs conditions de vie. Les attributions par quotas déterminées en fonction des participations financières des bailleurs entrainent l’accueil de personnes venant de la Région ou du Département. Une réflexion doit être faite pour empêcher cette clef de répartition incohérente. Puisque c’est l’Etat qui impose à chaque Ville de respecter un quota de logements sociaux, ce devrait être à la Ville de déterminer leur attribution.
L’équipe municipale a présenté au public le projet de construction. Je me félicite de cette initiative, mais il eut été préférable d’inviter quelques habitants du quartier et des personnes soucieuses de la conservation du patrimoine de Ville d’Avray à participer au choix du projet. Le bailleur et la municipalité en sélectionnèrent 1 parmi 200… et celui retenu n’enthousiasma pas le public !
Au vu de l’étude présentée (il s’agit d’esquisses et de plans sommaires : élévations et vues en plan sans coupes ni détails), le parti architectural retenu est en effet décevant : il était possible de trouver des volumes, des formes et des couleurs qui auraient été mieux intégrées à l’environnement et n’auraient pas nui à l’aspect forestier de l’entrée Ouest dans Ville d’Avray.
Il s’agit d’un immeuble de 34 logements T1 à T4, (environ 90 personnes), 34 places de stationnement et une surface commerciale de 140 m2, qui sera implanté au n° 200 rue de Versailles, sur un terrain appartenant à l’Etat, environ 2 000m2 sur lequel les services de la mairie entreposent du matériel de chantier ! Il est souhaité depuis fort longtemps d’utiliser ce terrain pour un usage autre que celui d’un dépôt de matériaux de travaux public…il y a si peu de terrain à bâtir à Ville d’Avray, (sauf si on rase les arbres et les maisons anciennes).
L’ensemble se présente sous forme de 2 bâtiments parallélépipédiques, l’un au bord de la piste cyclable, l’autre en est éloigné de quelques mètres. Le premier en descendant la rue de Versailles présente une façade (R +2) de 40m de longueur ; le second, séparé du premier par une quinzaine de mètres, présente une façade (R +3) de 70m ; la longueur totale de l’ensemble fait 125 m. Une bande de terrain de 6m de large est réservée (par l’ONF) entre la façade nord et la forêt. Des balcons sont prévus en façade, côté rue. Le parement est constitué de briques blanches légèrement teintées avec des bardages de bois en façade. Les toits sont des toits- terrasses.
L’arrivée à pied ou en voiture à Ville d’Avray par la rue de Versailles est particulièrement plaisante : une fois dépassé le monument du Général Pershing, on pénètre dans la forêt de Fausses-Reposes jusqu’à la route forestière de la Porte Verte. La rue est ensuite bordée par des immeubles puis par des maisons particulières en retrait de la rue. Les uns et les autres sont dissimulés par des alignements d’arbres. Un peu plus loin, du côté pair, on retrouve la forêt séparée de la chaussée par un remblai étayé par des rondins en bois. La voie a été récemment refaite avec le souci de conserver son aspect forestier jusqu’à l’entrée de la ville à hauteur de la rue du Lac à partir de laquelle des maisons et des immeubles sont en alignement en bordure de trottoirs comme ils le sont souvent en zone urbanisée.
Il est donc difficile de faire un projet respectant aussi peu le cadre existant :
Immeuble trop important et trop visible…
Coupure du rideau d’arbres…remplacé par une façade blanche de 110m de long ;
Architecture cubique en discordance avec les autres maisons visibles de la rue…
Alignement de la façade sur le bord du trottoir…
Façades de la surface commerciale visible de la route forestière de Jardy et de la rue de Versailles, voisines de la maison forestière située au n°198 indiquée sur le PLU comme « éléments bâti d’intérêt patrimonial »… tout comme l’est le bâtiment qui lui fait face aux n°231/233 !
Quant aux inconvénients, on peut noter, outre l’entrée et la sortie du parking des locataires, le peu de places (de parking) prévues pour les résidents alors qu’ils seront éloignés de toutes commodités, l’absence de stationnement pour les clients de la petite surface commerciale, des balcons côté rue alors que la voie départementale voit passer 8 000 véhicules par jour et que la zone de 30m de largeur de part et d’autre de son axe était consignée sur le POS comme étant une « zone de nuisance », le manque de moyens de transport collectif rapides pour faire le trajet domicile/ gare SNCF de Sèvres-Ville d’Avray ou domicile/ métro ligne n°9, la qualité de vie étant étroitement liée au transport.
La Ville doit-elle accepter des projets défendant les intérêts du bailleur social au détriment du cadre de vie des habitants ? Ne peut-on pas trouver un compromis entre le nombre de logements, leur intégration dans un site forestier jusqu’à présent préservé et leur financement ?
il semble que bailleurs et promoteurs puissent maintenant construire le plus grand nombre possible de logements pour le moins cher possible grâce à un PLU qui ne protège pas le patrimoine naturel, ni le patrimoine historique, ni le patrimoine culturel.
Les mauvaises expériences vécues par les habitants et la mairie à la suite de récents projets de constructions incongrues devraient conduire l’équipe municipale à modifier le PLU. Celui-ci a été établi sans analyse minutieuse de l’identité des maisons, des rues et des quartiers mais aussi en négligeant l’intervention active des citoyens.
Lors de la réunion concernant le 200 rue de Versailles, seule la proposition de sa révision faite par un auditeur suscita les applaudissements de la salle.
Jean-Paul Gaudin
Le 29 septembre 2015